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THÉOGONIE.
Roman en vers d'Hésiode, écrit au VIIIè siècle av. J.-C.
Le poème conte la naissance de « la race sacrée des Immortels toujours vivants ». Il s’ouvre par une longue invocation aux Muses :
Hésiode narre d’abord les circonstances de sa vocation : les Muses l’ont visité alors qu’il faisait paître ses troupeaux sur les pentes du mont Hélicon. Elles lui ont remis un rameau de laurier, et lui ont ordonné de chanter l’histoire des dieux immortels. La seule condition qu’elles imposent à ce don de voyance poétique est de les célébrer au début et à la fin de chacun de ses chants, ce qu’il fait aussitôt par un hymne qui peut se diviser en quatre parties : 1. Les Muses ont pour fonction de réjouir le cœur de Zeus. 2. Naissance et apparition des Muses sur l’Olympe. 3. Les Muses sont les inspiratrices des rois et des poètes. Invocation aux Muses. Hésiode évoque ensuite l’émergence du règne de Zeus. Au commencement est le Chaos, état d’indistinction universel, suivi par Gaïa (la Terre), Érèbe (les Ténèbres) et Éros (le Désir, principe du commencement et de l’origine). De ces divinités premières naissent les éléments naturels (la Nuit, le Jour, etc.) et de nombreuses divinités allégoriques (le Sommeil, la Mort, etc.).
Parallèlement, des théomachies (batailles entre dieux) voient Zeus prendre le pouvoir sur les Immortels, et chasser les forces anciennes créatrices de désordre (les Titans et les Géants). Zeus concilie en lui la force (« il a en main le tonnerre et la foudre flamboyante », et l’intelligence (il a avalé Métis, déesse de l’intelligence rusée). Son règne s’appuie sur la justice, comme le symbolisent ses noces avec Thémis, déesse de la Justice et de la Loi, avec qui il engendre les trois heures : l'Ordre (Eunomia), la Justice (Dikè) et la Paix (Eirenè).
TIMÉE.
Dialogue écrit par le philosophe gres Platon.
Le Timée est un des derniers dialogues de Platon. Après un bref échange avec Socrate, Critias et Hermocrate, le philosophe pythagoricien Timée de Locres expose une réflexion sur l'origine et la nature du monde physique et de l'âme humaine vues comme les œuvres d'un « démiurge» tout en abordant les questions de la connaissance scientifique et de la place des mathématiques dans l'explication du monde.
Le dialogue débute par un résumé de la constitution idéale, puis se poursuit par la guerre victorieuse de l’Athènes d’avant contre l’ennemi atlante et la chute de l'Atlantide. Platon cherche ainsi à fonder la constitution idéale décrite dans La République en montrant que dans l'Athènes d’avant, les choses étaient conformes à ce modèle d’excellence, qui lui-même répondait aux fins d’un être humain qui trouvait sa place dans cette cité, cet univers organisé.
Le Timée recense un grand nombre de points communs avec le mythe. Le mythe est formellement un récit, c’est-à-dire un discours qui se déploie dans le temps, et qui décrit ce que font des personnages. Or, le Timée est un récit :
-La mise en ordre du monde sensible par le démiurge se fait dans le temps:
-Platon n’admet que deux révolutions dans l’essence de l’âme : l’une (la révolution de la nature du même) était complètement entravée, et que l’autre (la révolution de la nature de l’autre) était troublée. Au terme de cette révolution, tous les corps célestes se mettent à leur position initiale.
-Le démiurge a une personnalité et des humeurs : il travaille tel un paysan, et tente de convaincre un autre personnage, la Nécessité : c’est par là même déjà un récit mythique. Seulement, il y a une certaine contradiction dans la forme du mythe et celle des exigences de l’explication cosmologique qui, elle, devrait transcender le temps et ne pas faire intervenir des personnages, mais plutôt des entités générales. Même si le Timée reste traditionnel dans sa forme et dans son objet, il est novateur par la nature de l’explication qu’il propose. Selon Théophraste, Platon était d’opinion que c’est le temps qui anime et fait tourner l’univers. Platon explique que l'homme a des affinités avec le divin, et tend à s'en rapprocher, à la façon de l’œil qui renferme en soi des éléments lumineux, et recherche par suite la lumière. Selon le récit du Timée, le temps est l’image mobile de l’éternité immobile.