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MÉDÉE.
Tragédie d'Euridipe écrite en -431.
À Colchis, la magicienne orientale Médée, sous l’influence des déesses Héra et Aphrodite, est tombée amoureuse de Jason, l’a aidé à conquérir la Toison d’Or, trahissant alors son père et tuant son frère, l’a épousé et l’a suivi à Corinthe avec ses enfants. Au bout de quelques années, le roi de Corinthe, Créon, offre à Jason de lui succéder et de devenir son gendre en épousant Créüse. Vaniteux, faible, n’aimant plus Médée et se montrant ingrat, Jason accepte sa proposition, tandis que Médée feint de s'effacer et envoie à sa rivale une tunique comme présent de noces. Mais la tunique est empoisonnée : Créüse meurt, et le roi, son père, ne lui survit pas. Couronnant son oeuvre de haine, étouffant tout instinct maternel, Médée égorge ses propres enfants puis, enlevée par un char ailé, elle est transportée à Athènes où elle épouse le roi Égée.
La MÉTAPHYSIQUE. (œuvre complète)
Ouvrage du philosophe grec Aristote.
La Métaphysique est un ensemble de quatorze livres écrits par Aristote réunis uniquement après sa mort.
La Métaphysique constitue un des sommets de la philosophie de l’Antiquité et eut une influence fondamentale sur toute la métaphysique et philosophie postérieures. Aristote y développe notamment une science de l'être en tant qu'être, une ontologie et une théologie.
L'œuvre en résumé :
Ce livre commence par une description de la genèse des connaissances humaines et en donne également une hiérarchie. Aristote se demande quelle est la science la plus haute et comment on peut la définir.
Pour Aristote, l'homme possède un désir naturel de connaissance:
-Tous les hommes désirent par nature savoir; l'amour des sensations en est le signe. En effet, celles-ci, en dehors de leur utilité, sont aimées pour elles mêmes et plus que les autres, celles qui nous viennent par les yeux. Car ce n'est pas seulement pour agir mais aussi quand nous sommes sur le point de ne pas agir, que nous choisissons de voir, à l'encontre, pour ainsi dire de tout le reste. La cause en est que parmi les sensations [la vue] nous fait au plus au point connaitre et montre des différences plus nombreuses.
Par nature, tous les animaux sont doués de sensation ; mais la sensation ne suffit pas encore à produire une connaissance : en effet, remarque Aristote, la sensation engendre ou non la mémoire. Or les animaux doués de mémoire sont les plus intelligents et les plus aptes à apprendre. Cependant l'homme "vit d'art et de raisonnement". Pour apprendre, il faut sentir, se souvenir mais l'homme a la capacité de tirer de ces simples images l'expérience et à partir d'une multitude de notions expérimentales se dégage un seul jugement universel à tous les cas semblables : c'est ce qui constitue l'art: "La science et l'art surviennent pour les hommes par l'intermédiaire de l'expérience". L'art suppose donc : l'aptitude à reconnaître des cas semblables et la capacité à appliquer à ces cas une règle universelle.
De l'expérience et de l'art, quel est le plus parfait? Dans la vie pratique, l'expérience paraît supérieure à l'art, car elle est connaissance du particulier, de l'individuel: les sensations, fondement de la connaissance du particulier, ne sont pas la science et ne nous apprennent pas le pourquoi. L'art, lui, connaît l'universel et dépasse les choses individuelles, c'est à l'art qu'appartiennent le savoir et la faculté de comprendre : les hommes de l'art savent le pourquoi et la cause. Les plus sages sont sages non par l'habileté pratique, mais par la théorie et la connaissance des causes. C'est ce qui explique la supériorité de l'architecte sur le manœuvre.
Le signe de ce savoir, c'est qu'il peut être enseigné ; or, les hommes d'art peuvent enseigner. Cependant parmi les arts certains sont relatifs aux nécessités de la vie et d'autres proviennent du "loisir" qui est la connaissance recherchée pour elle-même, comme dans les mathématiques. Et par celles-ci apparaît la connaissance la plus haute, la sagesse, qui a pour objet les premières causes et les premiers principes de ce-qui-est ; aussi les sciences théorétiques sont-elles supérieures aux sciences pratiques.
De quelles causes et de quels principes la sagesse est-elle la science ?
Pour le découvrir, Aristote cherche d'abord les jugements portés sur le philosophe :
-Il possède la totalité du savoir, son savoir est universel ;
-il a la connaissance des choses difficiles, son savoir est pénétrant ;
-il a une connaissance précise des causes, son savoir est de qualité ;
-il sait mieux enseigner que les autres, son savoir est fécond ;
-sa seule fin est la sagesse pour elle même supérieure aux autres sciences ;
-la sagesse étant première elle donne des lois et commande les autres sciences, son savoir est noble.
Ainsi la connaissance de toutes choses appartient à celui qui possède la science de l'universel, la sagesse. Mais c'est extrêmement difficile, car ces connaissances sont les plus éloignées des sens. Et ces connaissances des principes et causes sont amenées à considérer "ce en vue de quoi", le bien suprême cause finale de ce-qui-est:
La plus dominante des sciences et celle qui commande le plus à ce qui est subordonné est celle qui connait en vue de quoi chaque chose est accomplie; cela c'est le bien de chacun, et d'une manière générale, c'est le meilleur dans la nature entière. La sagesse doit donc être une connaissance théorétique des premiers principes et des premières causes; et en effet, le bien, le "ce en vue de quoi" est l'une des causes.
La philosophie doit donc être la science théorétique des premiers principes et des premières causes, et la fin est l'une de ces causes. Enfin, Aristote se demande d'où vient la philosophie. Il répond que c'est l'admiration et l'étonnement qui poussa les premiers penseurs aux spéculations philosophiques, quand ils virent leur ignorance et qu'ils voulurent y échapper. Car si l'on commence par l'étonnement, on finit par le repos du savoir. Cette science est aussi la seule qui soit libre, car elle est à elle-même sa propre fin.
Mais c'est une science difficile : la philosophie n'est-elle pas plus qu'humaine ? La nature humaine est souvent esclave et le dieu seul ou principalement peut être philosophe. Cette science est moins nécessaire que les autres, mais elle est la science des dieux.
Les Recherche de la cause chez les premiers philosophes.
Nous connaissons une chose seulement quand nous pensons connaître sa première cause. Or, le mot cause a quatre sens (cf. Causalité aristotélicienne) :
-la substance formelle ou quiddité (sa nature, son essence, sa forme) ;
-la matière ou substrat (le sujet) ;
-le principe du mouvement ;
-le "ce en vue de quoi", ou le bien (la fin du mouvement).
Pour les premiers philosophes, il y a une nature première, une ou multiple, d'où le reste est engendré, mais elle demeure toujours. Ses éléments sont variables ; par exemple, l'eau, d'où, pour Thalès de Milet, viennent toutes choses, et qui est donc leur principe. Autres principes : l'air, le feu, etc. ou encore des principes en nombre infini qui s'unissent et se séparent. Mais tout cela est insuffisant : pourquoi cela arrive-t-il et quelle en est la cause ? Le substrat en tant que substrat n'est pas la cause de ses propres changements : d'où vient alors le commencement du mouvement, quel est son principe ?
Les éléments sont ces principes du mouvement.
Mais cela n'engendre pas la nature des choses : d'où vient l'ordre, le beau dans les choses ? Pas du hasard : Anaxagore affirma qu'il y avait une Intelligence (nous en grec) dans la nature, cause de l'ordre et de l'arrangement universel. C'est Hésiode qui le premier, à ce qu'il semble, trouva des causes du mouvement et de l'ordre (l'Amour, comme Parménide).Mais comme le mal et le laid l'emporte dans la nature, on trouve l'Amour et la Haine chez Empédocle, peut-être même le Bien et le Mal comme principes. Quant à Leucippe et Démocrite ils affirment que les différences de l'être viennent de la configuration, de l'arrangement et de la tournure des atomes.
Les pythagoriciens se consacrèrent aux mathématiques. Pour eux, les principes des mathématiques étaient les principes de tous les êtres. Le nombre est la matière et constituant des modifications des états des êtres ; mais le nombre est lui-même constitué d'éléments contraires (limite, illimité, etc.) : les contraires sont les principes des êtres.
Les Idées. Les choses sensibles sont dans un flux perpétuel et ne peuvent être l'objet de science. Platon reprit les recherches de Socrate (sur l'universel et la définition), mais pensa qu'il existait des réalités d'un autre ordre que les êtres sensibles.